La faute au cerfeuil


 Il paraît que c'est la saison des hornbostels. D'après Alexandre Vialatte, ce sont de petits rongeurs ailés qui mènent une existence extrêmement poétique. Au bord de grands lacs, canadiens de préférence. Ils sont sensibles à la musique: le soir, ils écoutent le crapaud. En famille.
 Apprivoisés, ils arrivent à compter jusqu’à 2. On leur interdit de brouter la tige du cerfeuil, qui les rend stériles. Si on peut parler encore d'eux, c'est bien grâce à leur légendaire obéissance.
 Le hornbostel est-il un animal imaginaire? Qu'on me prouve qu'il n'existe pas, et nous reparlerons de l'affaire, rétorque Vialatte vexé. Qui, après réflexion, ajoute prudemment que le hornbostel est peut-être un cousin de l'albatros. C'est dire qu'il vole très, très haut... Avant que l'homme n'arrive à l'apercevoir dans le soleil, il pousse le "hoquet du pygmée" et disparaît d'un coup d'aile.Personnellement, j'ai des doutes. J'ai vérifié dans le dictionnaire, et appris que Hornbostel était un musicologue autrichien. Qui certes, appréciait le chant du crapaud, mais pas exclusivement.
 Cela dit, j'aime autant les animaux imaginaires que les autres. La licorne par exemple. Cette cavale à la longue corne unique et torsadée, symbole de puissance et de pureté. Qui a traversé les époques, de la Chine ancienne aux temps médiévaux. Le léviathan, monstre marin des origines, qu'il faut bien se garder de réveiller. Le phénix, une sorte de poulet qui renaît sans cesse de ses cendres: résurrection et immortalité. Le dragon, qui crache du feu comme un chalumeau et se plaît sur le dos des tatoués.
 Le cheval ailé, qui galopait dans les airs, figure l'impétuosité des désirs. Le marsupilami, plus proche de nous, la poule aux oeufs d'or, la jument verte... Et le sîmorgh persan, cet oiseau fabuleux qui parle aux hommes et réapparaît quand on brûle une de ses plumes.



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